A l'occasion du second salon VivaTech qui s'est très récemment tenu à Paris, Porte de Versailles, a été annoncé en grandes pompes de lancement dès septembre prochain par les services pôle emploi et l'île de France d'ANOTEA, le TripAdvisor de la formation. Qu'apporte cet outil que nous n'avions déjà ? Nous décryptons pour vous les aspects plus ou moins innovants de l'outil.
Que propose ANOTEA ?
« Un service numérique qui permet aux stagiaires de la formation professionnelle via une application d'évaluer l'organisme et le cursus qu'ils ont suivis ». «Cette application s'apparente à un «tripadvisor» de la formation professionnelle: notre objectif, c'est de rendre transparent le marché de la formation en proposant une évaluation en ligne pour avoir des retours sur la satisfaction des participants», explique Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France. «L'ensemble des sessions de formation d'un même organisme et réalisés dans le même lieu seront ainsi rassemblées pour donner une note générale», précise la présidente de la Région.
À l'autre bout de la chaîne, les personnes en quête d'une formation peuvent se rendre sur l'un des sites et lorsqu'elles trouvent une proposition qui pourrait leur convenir, elles ont la possibilité de consulter les avis. L'appli permet en outre aux futurs stagiaires d'entrer en contact avec d'anciens participants à une formation qui les intéresse. »
Source : www.lefigaro.fr › ECONOMIE › Emploi
Les questionnaires de satisfaction sont une obligation en matière de formation depuis longtemps
Tous les spécialistes de la formation savent qu’à la fin d’une formation, les participants doivent répondre à un questionnaire de satisfaction, qui permet de s’assurer que les participants ont été satisfaits de la prestation. C’est à priori une obligation légale dont le principe est réaffirmé dans le Décret Qualité du 30 Juin 2015. Le phénomène n’est donc pas nouveau, formateurs, participants et organismes pratiquent ce principe depuis des décennies…
En revanche, l’édition des questionnaires de satisfaction se faisait jusqu’à présent soit à l’initiative des organismes de formation, soit à celle des entreprises utilisatrices, et parfois des deux.
Dans le cas d’Anotea, ce sont les participants, personnes en recherche d’emploi, qui notent s’ils le souhaitent la qualité des prestations. On sort donc du cadre légal de la formation et on se rapproche dans l’esprit de note2be, site de notation des enseignants que l’Education Nationale a fait fermer manu-militari en 2008 et qui semble avoir ré-ouvert depuis le Brésil.
On peut se demander si les notes vont refléter la qualité réelle des prestations ou si l’on va se rapprocher des commentaires (plus aléatoires et rarement bienveillants) que l’on trouve sur les réseaux sociaux. Le fait pour les participants de pouvoir échanger entre eux risque par ailleurs d’aggraver le point…
Les réponses aux questionnaires n'étaient jusqu'à présents que peu utilisés
Plusieurs raisons expliquent la sous exploitation des données récoltées via les questionnaires de satisfaction :
- Les questionnaires sont encore la plupart du temps sous format papier.
- Le temps de traitement est donc très consommateur de temps.
- Les questionnaires sont tous différents d'un organisme à un autre, la comparaison n'a donc pas grand sens.
- Les clients se satisfaisaient d'une mesure de la qualité à posteriori.
Mais ne pas exploiter les informations contenues dans les questionnaires est une aberration. Le décret Qualité a de ce point de vue fait avancer les choses, en obligeant les organismes à prouver la qualité des prestations délivrées.
Avec Anotea, les réponses aux questionnaires seront utilisées, mais les organismes n’auront pas accès à leurs questionnaires, juste à la moyenne des résultats.
La digitalisation des questionnaires est en marche
La grande novation ces dernières années vient de la digitalisation des questionnaires de satisfaction, proposée par des sociétés comme FORMAEVA ou FORMETRIS, principe qui facilite grandement l’exploitation des données. Au départ réservé aux grandes sociétés et organismes de formation leaders sur le marché, cet outil a tendance à être utilisé par des entités de taille plus modeste.
Pour autant, ces deux sociétés se positionnent sur le métier de l’évaluation de la formation, et proposent des questionnaires sur mesure.
Le point de départ de la prestation d’Anotea consiste bien en une digitalisation du questionnaire de satisfaction. De ce point de vue, pas de réelle novation donc.
La première novation vient de la normalisation du questionnaire, puisqu’apparemment les questions posées sont toujours les mêmes. De ce point de vue, nous ne pouvons qu’être d’accord sur ce thème, puisque notre outil Quality in Training, lancé en mars 2017 et opérationnel depuis, propose un questionnaire digitalisé avec des questions normées de façon à faciliter la comparaison.
La seconde novation vient de ce que les organismes de formation n’ont plus du tout le contrôle d’une information qui les concerne directement. Pour avoir rencontré et échangé avec de nombreux dirigeants d’organismes de formation, ce point est critique pour eux, car ils voient ce genre de démarche comme malveillante : comment s’assurer qu’une personne ou qu’une entité ne vas pas chercher à abimer l’image d’un organisme ? Comment s’assurer de la réalité des participants ? Comment être certain d’un minimum d’exhaustivité des notations ?
Une belle erreur de communication
Présenter l’outil comme le TripAdvisor de la formation (ou le uber de la formation) est pour nous une véritable erreur de communication, qui revient à dire que mesurer la qualité en formation est quelque chose de simple. Or, il n’en est rien (le décret qualité relève 21 indicateurs !). Et que l’outil de mesure peut être confié à un tiers.
Il suffit de lire les commentaires en réaction à l’article publié dans le Figaro (notre source) : 5 commentaires, tous au vitriol !
D’ailleurs, quand nous avons-nous-même lancé notre plateforme, nous avons été très sensibles aux remarques et réactions. Le monde de la formation n’a pas évolué depuis des décennies, et il doit brutalement digérer des évolutions en profondeur : l’arrivée du e-learning, les MOOC, le décret Qualité, DataDock. Nous avons rencontré beaucoup de réactions très vives, réactions à un autre changement, lui aussi en profondeur : apporter la preuve que ce que l’on délivre est de bonne qualité.
A l’occasion de nos échanges, nous avons bien souvent ressenti en arrière-plan de nos discussions le rapport de force larvé entre organismes et formateurs. De nombreux organismes ne communiquent toujours pas sur la qualité de leurs formateurs, « Ce ne sont pas des salariés, on ne vend pas un formateur, on vend une formation ».
Quality in Training est un outil bienveillant, qui travaille sur la relation formateur - organisme
Anotea a été présenté comme un outil innovant qui permet de mesurer la qualité des formations. C’est en partie faux, FORMAEVA et FORMETRIS le font depuis plus de 10 ans, Quality in Training propose depuis mars dernier un service de mesure homogène de la qualité des formateurs et des formations.
Chez Quality in Training, nous sommes persuadés que pour progresser en qualité, il faut un environnement bienveillant. Le monde de la formation est un environnement dans lequel l’humain joue pour beaucoup. Il faut donc rassurer (beaucoup), motiver (beaucoup), et démontrer que chaque partie prenante y trouve son compte. C’est ce que nous proposons : un partage de l’information, en temps réel, entre formateurs et organismes de formation, au bénéfice de tous.
L’information n’est pas publique mais tout nouveau client d’un organisme de formation peut (et devrait) demander des preuves de qualité et les Organismes auront tendance à mettre en valeur leurs bons résultats (attestés statisquement).
La collecte de cette information est sécurisée, son exploitation est limitée à un nombre très réduit de personnes (le formateur et la personne en charge chez l’organisme) et la diffusion à des tiers de cette information est à l’initiative de l’organisme (fiche formateur normée – extraction sur mesure de statistiques) et surtout anonymisée.
Les questionnaires sont normés (5 questions sur le formateur – 5 questions sur la formation – 3 questions sur mesure) pour permettre la comparaison.
Pour finir, nous retenons du lancement d’Anotea que le secteur de la formation se dote progressivement d’outils permettant de mesurer la qualité des prestations, et c’est une bonne chose. Reste maintenant à choisir le bon !
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